Qui est idiot : lui ? vous ? moi ? tout le monde !…
Aujourd’hui, l’insulte est banale, légère et inoffensive. Mais ce ne fut pas toujours le cas.
Il fut un temps où la question était entre les mains des médecins.
Car qui étaient les idiots ? Comment les accueillir dans la société ? Et quels ont été les chemins à parcourir pour y parvenir ?
Deux modèles sont ici confrontés : Paris et Laforce, aussi dissemblables dans leurs trajectoires que dans leurs moyens. Pourtant, les deux finiront par se rencontrer…
L’exposition propose un pas de côté pour suivre les réussites et les turbulences de cette histoire et comprendre les formidables mutations accomplies.
Elle est proposée par Anne Nardin, ancienne directrice du musée de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, conservatrice en chef honoraire et Ariane Dahan, directrice du musée Maison John et Eugénie Bost.
Le parcours de l’exposition
Dans un premier espace, est rassemblée une sélection d’objets qui témoignent des représentations récentes et des usages courants du terme « idiot ».
Dans un second espace, le visiteur est invité à faire un bond dans l’histoire, pour se retrouver à la fin du 18e siècle, moment où ces individus jugés “idiots”, “imbéciles” ou “crétins” sont repérés et dénombrés. Dès lors, on cherche à les protéger mais aussi à les étudier.
À Paris, capitale de la médecine, des médecins vont s’intéresser à ces populations. Qu’apporteront leurs recherches ? Leurs travaux ? L’idiotie reste une énigme, un mal incurable.
Pourtant, ce mal incurable apparaît « perfectible ». Quelques acteurs, peu nombreux, s’intéresseront à ces personnes et mettront en avant des méthodes inédites : et si le traitement passait par l’éducation ? Édouard Séguin y consacre sa vie. Puis, à son tour, le Docteur Bourneville développe à la fois recherche médicale et programme éducatif. Il renouvelle la connaissance de l’idiotie et parvient à réintégrer de jeunes idiots dans la société.
Ce sont les Expositions Universelles de Vienne puis de Paris, à la fin du 19ème puis au début du 20ème siècles, apportent une caisse de résonance à la cause des enfants idiots.
Pendant ce temps, au milieu de ce 19ème siècle, dans un petit village de Dordogne, loin des élites parisiennes, John Bost, jeune pasteur protestant, accueille des idiotes, puis des idiots, « ceux que tous repoussent ». Sans moyen mais avec foi et compassion il a développé à son échelle, une prise en charge novatrice.
Ces deux aventures sont mises en regard : quels sont leurs moyens, leurs méthodes, leurs résultats ? Comment et dans quelles circonstances vont-elles se rapprocher et pour quelles évolutions ?
La mémoire matérielle de leurs trajectoires est réunie dans l’exposition grâce à des prêts exceptionnels du Musée de l’Assistance-Publique-Hôpitaux de Paris, du Musée de l’Histoire de la médecine et de l’association Nuage Vert, auxquelles s’ajoute une sélection de la collection de la Maison John et Eugénie Bost. Une riche iconographie illustre les médecins et les acteurs de cette histoire, leurs recherches et la population concernée.